01 décembre 2006

Flash : nulle dans la quatrième partie

Enfin ! Enfin quelqu'un (ou plutôt quelque chose) a joué e4 comme premier coup des Blancs. Cela n'était pas arrivé une seule fois lors du dernier championnat du monde, à Elista. Cela n'était pas encore arrivé dans ce match entre Vladimir Kramnik et le logiciel Deep Fritz. Aujourd'hui, les programmeurs ont donc opté pour une partie ouverte. Ils s'attendaient probablement à deux répliques de la part du joueur humain : soit sa défense berlinoise fétiche, qui l'a aidé à conquérir le titre suprême face à Garry Kasparov en 2000, soit la défense russe. La deuxième hypothèse fut la bonne. On a vite compris que le champion du monde ne gagnerait pas cette partie, tant Deep Fritz semblait appliqué à ne pas lui laisser l'initiative. Mais, d'un autre côté, le talent défensif de Kramnik a une nouvelle fois fait merveille. Après la catastrophe de la deuxième partie, le géant de Tuapse semble s'être rassuré. Comme il l'a montré aujourd'hui, il est capable d'annuler à peu près quand il le souhaite. Deep Fritz a eu plus d'espace pendant toute la partie mais il n'est jamais parvenu à se bâtir un réel avantage. En finale, Kramnik a habilement obtenu une situation de blocus, se contentant de déplacer son roi sur deux cases et empêchant son adversaire de s'infiltrer dans sa position. De manière assez ridicule, qui n'est pas sans rappeler la petite expérience à laquelle je me suis livré sur la fin de la troisième partie (voir note précédente), la machine a continué à jouer, ne s'apercevant pas qu'elle ne pouvait plus progresser. On a même pu croire, à un moment, que Kramnik allait essayer de faire tomber la machine au temps... Mais la nulle a été conclue au 54e coup, soit deux coups avant le contrôle de temps, qui aurait ajouté une heure à la pendule de chacun. Une analyse plus complète de la partie vous sera proposée demain. Deep Fritz mène par 2,5 points à 1,5 et dimanche, pour l'avant-dernière confrontation, le champion du monde aura les Blancs. On espère un sursaut d'orgueil de sa part.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

A priori on se trouvait dans la sphère des tablebases 5 ou 6 pièces, et un gain restait possible en finale (à condition que le Roi noir faute en perdant l'opposition), c'est pour cela que Deep Fritz a continué à jouer.

De toute évidence, Kramnik s'est surtout accroché à sa nulle, tout au long de la partie. Contre un super-calculateur de type Deep Blue ou Hydra, il aurait vraisemblablement rencontré des difficultés bien plus épineuses, compte tenu du dynamisme du jeu des Blancs.

Anonyme a dit…

Cette partie (comme la 1ere et la 3ème partie d'ailleurs) montre clairement que Fritz ne domine pas Kramnik dans le jeu positionnel...

Anonyme a dit…

Fritz n'est pas particulièrement réputé pour son jeu positionnel, contrairement à d'autres programmes comme Rybka, Shredder ou Hiarcs.

On remarque d'ailleurs que Kramnik ne recherche pas spécialement des phases positionnelles, mais plutôt des simplifications annulantes. C'est un choix, mais il ne domine pas non plus grand chose.
Cette stratégie avait été choisie par Adams contre Hydra, mais il y avait en face un énorme super-calculateur (Score : 0,5-5,5).