29 novembre 2006

Flash : nulle dans la troisième partie

Pour la troisième partie du match opposant Vladimir Kramnik au logiciel Deep Fritz, le joueur humain, avec les Blancs, n'a pu obtenir mieux que la nulle, mercredi 29 novembre à Bonn. Comme dans les deux premières rencontres, le Russe a visiblement entraîné le logiciel sur un terrain qu'il avait préparé à l'avance, de nouveau dans une partie catalane. On s'attendait donc à ce qu'il dévoile une faille du programme, à un moment ou à un autre. Mais rien de cela ne s'est passé. Au contraire, Deep Fritz s'est retrouvé avec un peu plus d'espace et une majorité de pions à l'aile dame que Kramnik a dû surveiller comme le lait sur le feu. Le champion du monde a même été contraint de sacrifier la qualité pour arrêter le pion "a" des Noirs qui avait un boulevard jusqu'à dame. Mais il s'agissait d'un sacrifice sans risque car le Russe était assuré, avec son fou restant et une saine chaîne de pions à l'aile-roi, de se construire une forteresse imprenable. La nulle fut donc conclue au 44e coup. Analyse plus complète de la partie demain. A mi-parcours et alors qu'il lui reste deux parties à jouer avec les Blancs, Deep Fritz mène 2 points à 1.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Une nulle... Toujours bon à prendre, après la fameuse " gaffe du siècle " !

Anonyme a dit…

A propos de la gaffe, elle a au moins le mérite de poser de passionnantes questions psychologiques. Chess News propose des éclairages intéressants...
Une question naïve que je me pose : K. a-t-il vu le mat puis l'a-t-il "oublié" en réfléchissant à la position à l'aile dame, ou bien ne l'a-t-il pas vu du tout durant toute sa réflexion du 34ème coup ?
La première possibilité arrive souvent aux faibles joueurs : on voit une menace évidente, puis on regarde ailleurs, et par distraction on joue autre chose que le coup nécessaire parce qu'on a oublié la menace. J'ai du mal à croire qu'un grand joueur puisse faire la même erreur, a fortiori pour un mat en un coup, qui impose par définition de réfléchir à la réponse immédiate à l'exclusion de tout autre chose - ou alors cela signifie qu'un grand joureur peut être aussi distrait qu'un débutant, malgré l'entraînement, les méthodes, etc.
La deuxième option paraît à la fois plus incroyable et plus plausible : K. n'a rien vu, par quelque mécanisme psychologique plus ou moins obscur - p. ex. le caractère inhabituel de la position du cavalier, comme expliqué sur Chess News, et la concentration de K. sur une possibilité compliquée à l'aile dame, qu'un joueur moins fort n'aurait sans doute pas vue, évitant peut-être la bourde. Mais dans ce cas aussi on peut alors penser à une sorte de continuité entre la psychologie du débutant et du grand champion : ils font des erreurs similaires pour des raisons similaires. Par contre, les bons coups des uns n'ont probablement pas les mêmes causes que ceux des autres.

Anonyme a dit…

J'ai bien peur que finalement Kramnik ne s'incline dans ce match qu'à cause de sa gaffe monumentale et par conséquent ce match n'a plus aucune signification car ne permet de comparer à leur vrai niveau le champion humain à la machine. J'adore ce Blog, je le consulte quotidiennement et j'y reviendrai toujours...par contre ce match ne m'intéresse plus...

Anonyme a dit…

Réponse à Mila92 : Le match est peut-être joué sur le strict plan du score (et encore), mais cela ne signifie pas grand-chose, car la question est toujours de savoir si et comment K. peut battre la machine de façon indiscutable, ou l'inverse. Au vu de la 3ème partie, on ne peut pas vraiment dire que la machine est d'ores et déjà meilleure que le champion du monde dans l'art des échecs, mais qu'elle est moins faillible que lui et que ses erreurs ne sont pas celles que commet l'être humain... ce dont personne ne doutait. Si K. avait eu un malaise ou un coup de folie, il aurait peut-être perdu une partie, mais cela n'aurait rien prouvé du point de vue des échecs. Sur le plan échiquéen à strictement parler, le match est équilibré et la 3ème partie était, semble-t-il, une partie nulle. Les règles d'un match sont ainsi faites qu'une simple erreur sans véritable signification semble indiquer que le joueur qui la commet est moins bon aux échecs que la machine. Or ce que cette erreur indique vraiment c'est que l'esprit humain ne fonctionne pas comme l'ordinateur... Le match garde donc son intérêt, à mon avis.

Là où nous sommes d'accord, par contre, c'est sur l'intérêt du blog de Pierre Bathélémy. Merci à lui.

Par contre