24 octobre 2006

L'avenir instable du championnat du monde

Le match d'Elista s'est achevé il y a seulement une semaine et demie et l'avenir du championnat du monde d'échecs apparaît déjà fort instable. Sans refaire l'analyse que j'ai écrite sur mon précédent blog, je voudrais ajouter quelques nouveaux éléments. Tout le noeud du problème tient au fait que la Fédération internationale des échecs (FIDE) a déjà signé avec la ville de Mexico pour l'organisation, en septembre 2007, du prochain championnat du monde, sous le format d'un tournoi double ronde à huit joueurs. Quatre sont déjà connus (le tenant du titre Vladimir Kramnik, Viswanathan Anand, Peter Svidler et Alexandre Morozevitch) et quatre autres doivent se qualifier d'ici là parmi seize grands maîtres, dont le Français Etienne Bacrot.
Il existe deux gros problèmes : le premier est l'absence du numéro un mondial (et perdant d'Elista) Vesseline Topalov, le second est que Vladimir Kramnik tient à ce que la finale du championnat du monde oppose le tenant du titre à un challenger, dans un match d'homme à homme, comme le veut la tradition depuis Steinitz. Or, on sait que le Russe ne déroge que très rarement à ses principes. De plus, il est quand même l'homme fort du moment, étant donné que la plupart des grands maîtres de la planète lui ont apporté leur soutien après les scandaleuses accusations dont il a fait l'objet en Kalmoukie. Son statut à la fois sportif et moral a été grandement rehaussé et la FIDE, si elle lui impose de jouer à Mexico dans un format inédit pour une finale de championnat du monde, risque fort une nouvelle scission, qui serait désastreuse pour l'image déjà abîmée des échecs.
La solution idéale consisterait donc à considérer Mexico comme une finale des candidats, en mettant Topalov à la place occupée actuellement par Kramnik. Cette éventualité commençant à circuler dans le milieu, Jorge Saggiante, l'organisateur du tournoi mexicain, vient de refuser tout net cette solution qui "déclasserait" sa compétition. Comme il l'a confié hier à Susan Polgar, l'ex-championne du monde féminine, "nous avons un contrat avec la FIDE pour accueillir, à l'automne prochain, le championnat du monde 2007 à Mexico. Nous ne permettrons pas à la FIDE de s'écarter du format du championnat du monde sur lequel nous nous sommes mis d'accord. Nous avons déjà transféré 100 % des prix sur le compte de la FIDE et nous avons dépensé une somme d'argent significative pour promouvoir ce championnat du monde. Nous attendons de la FIDE qu'elle tienne parole et honore le contrat que nous avons signé." La FIDE doit donc déjà faire face à un difficile dilemme...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Moi j'ai une solution (comme beaucoup de monde). Il est clair (pour moi en tout cas) que l'ancien format est assez inégalitaire. Le champion qui attend d'être affronté en match sans prendre vraiment de risque ... Il était un peu trop à l'abri je trouve. Le Champion de Monde doit être le meilleur joueur. C'est-à-dire en match ET en tournoi. Donc pourquoi ne pas prendre les deux joueurs qui arriveront premier et deuxième du tournoi et les faire se rencontrer lors d'un match en 12 parties à Mexico. Celui qui arrivé premier aurait "2 fois les blancs" comme c'était le cas à Elista. Biensûr le problème du changement de format reste entier pour l'organisateur de Mexico. Mais je pense que cette solution serait à terme beaucoup plus représentative de ce que sont les échecs aujourd'hui c'est-à-dire un sport et non plus une "monarchie" où le champion du monde attend le candidat sur son trône.